Qualité de l’eau et maraîchage
L’abondance de l’eau douce au Québec explique peut-être que la qualité de l’eau utilisée pour la production maraîchère est trop souvent oubliée. Pourtant, celle-ci a un réel potentiel d’avoir un impact négatif sur les rendements et la rentabilité. Ainsi, une analyse de la qualité de l’eau devrait être considérée comme un investissement, au même titre que l’analyse de sol. Pourtant, trop peu de producteurs maraîchers tiennent compte des caractéristiques de l’eau qu’ils utilisent. Différents critères, tels que le pH, la dureté ou encore la salinité, permettent de définir les propriétés et la qualité de la source utilisée. Connaitre la valeur de ceux-ci permet d’ajuster vos pratiques. À titre d’exemple, voici comment une analyse de la qualité de l’eau pourrait optimiser la production de transplants sur votre entreprise.
Pour commencer, une salinité (conductivité électrique) de l’eau élevée augmente les risques de maladies racinaires, de fonte des semis, de brûlures des racines, de mauvaise levée et aussi de stress hydrique. Il est donc important de s’assurer que la conductivité électrique de l’eau ne dépasse pas 0,6 mmho/cm. Ainsi, une fois l’engrais ajouté, la salinité se situera dans l’intervalle entre 1 et 2 mmho/cm souhaité. Si l’eau utilisée dépasse cette valeur, il est préférable d’opter pour des engrais à faible salinité ou de voir à un changement de source (ex : eau de pluie). Pour un suivi optimal, l’acquisition d’un salinimètre permet de suivre l’évolution de la salinité du substrat, en mesurant la conductivité d’un mélange d’eau et de substrat à des proportions de 2 pour 1. Le céleri et les cucurbitacées, par exemple, sont particulièrement sensibles.
Par la suite, le maintien du pH entre 5,5 et 6,5 est primordial. En dehors de ces valeurs, la disponibilité des éléments, la qualité et la croissance de la plantule sont affectées. Un pH faible rend le molybdène et le phosphore moins disponible, tandis qu’un pH élevé affecte plutôt l’absorption du fer et du bore. Ensuite, l’alcalinité est une autre mesure importante. Il s’agit de la quantité de carbonate (CO32–) et de bicarbonates (HCO3–) dans l’eau, dont la valeur est indiquée en ppm de CaCO3. Une grande concentration de ceux-ci cause des chloroses, brûlent la marge des feuilles et ralentissent la croissance. En plus, une alcalinité trop faible signifie que le pH de l’eau change trop facilement, favorisant les variations de pH par les engrais. L’intervalle souhaité pour l’alcalinité est, pour sa part, de 60-100 ppm (CaCO3). En Montérégie-Ouest, le pH et l’alcalinité de l’eau sont fréquemment supérieurs à 7.5 et 250 ppm pour la plupart des puits. Ce qui signifie que des corrections sont très souvent justifiables. L’ajout d’acide dans l’eau d’arrosage permet d’ajuster le pH et de diminuer le taux de bicarbonates. Attention! Différents acides peuvent être utilisés et le choix est important. Par exemple, si plus de 7 litres d’acide phosphorique sont apportés à 100 000 litres d’eau, l’excès de phosphore provoquera l’étiolement.