Comme vous le savez sans doute, depuis plusieurs mois, nous voyons une très forte augmentation des taux d’intérêt. Que ce soit une conséquence de la reprise économique postpandémique, la pénurie de main-d’œuvre, la forte demande de matières premières, la situation politique en Ukraine et en Chine, etc., il semble que tout soit en cause.
Au sein de votre entreprise, vous avez un contrôle sur certaines choses; fournisseurs d’intrants, objectifs d’entreprise et les types d’investissements. Cependant, vous n’avez aucun contrôle sur d’autres choses telles que; la météo, les bris d’équipements, les maladies (animaux, récoltes ou main-d’œuvre) ainsi que sur certaines charges. Une autre chose sur laquelle vous n’avez aucun contrôle et qui a un impact sur votre trésorerie est le taux d’intérêt!
Concentrons-nous sur celui-ci dont on jase tellement. Regardons une entreprise moyenne de la région qui est en vitesse de croisière. Il y a quelques années, les investissements majeurs ont été effectués. Ces temps-ci, l’entreprise se concentre sur l’achat de quota pour maintenir l’augmentation de la performance des vaches ainsi que l’entretien de ses actifs. Nous parlons d’une ferme de 100 kg de quota, avec un endettement de 27 500$/kg de quota. Il reste donc 2 750 000$ en hypothèque consolidé en un seul prêt. Il ne leur reste que quinze années de paiement à effectuer et à la dernière signature, le producteur avait un taux de 2%. Les paiements mensuels sont de l’ordre de 17 696$. L’entreprise va bien, les paiements sont à jours auprès des fournisseurs, les flux de trésorerie sont bons, et la marge de crédit n’est pratiquement pas utilisée. Tout roule! En 2022, l’entreprise doit renégocier l’hypothèque, outch. Malgré une tournée auprès des institutions financières, les taux avoisinent autour des 5%. C’est la panique!
Voyons ici l’impact; en gardant la durée de l’emprunt à 15 ans, c’est maintenant 21 747$/mois qui devra être payé pour l’hypothèque, soit 4051$ de plus mensuellement. Et comme un malheur n’arrive jamais seul… les prix des engrais et des concentrés augmentent aussi à des niveaux records. Il est raisonnable de prévoir que 2022 ne sera pas la meilleure année financière, malgré l’augmentation de prix du lait et des records de rendement aux champs dans une grande majorité des cultures.
Que faire? Comme mentionné plus tôt, vous n’avez pas de contrôle de l’impact sur le taux d’intérêt. Diminuer les charges peut sembler intéressant à court terme (alimentation), mais attention aux conséquences sur la production et les rendements. Selon la situation des liquidités de chacun, certains producteurs peuvent absorber une partie de ces montants, mais il ne faut pas oublier que c’est 4051$ par mois récurant jusqu’à la prochaine signature de taux! Il est possible que lors d’une prochaine signature, le pourcentage ait diminué. Actuellement, comment peut-on en être certain compte tenu de facteurs géopolitiques?
Une autre option, si la situation de l’entreprise le permet, serait de repousser la durée de l’hypothèque, en passant de 15 ans à 21 ans. Les paiements mensuels resteraient pareils, malgré la hausse de 3% du taux. Cela empêchera de ronger les liquidités et n’aura pas d’impact dans les activités courantes. Bien sûr, les paiements se prolongent de six années.
Quelle est la meilleure solution, probablement quelque part entre les deux, mais une chose est certaine, c’est de voir avec votre conseiller financier quelle serait la meilleure stratégie selon votre situation et votre tolérance à prendre des risques. Plus on connait notre situation, plus grandes sont les chances de prendre les bonnes décisions.