Après 3 ans d’attente, ce fut avec un très grand enthousiasme que plus de 30 producteurs laitiers de plusieurs régions du Québec, ainsi que de l’est de l’Ontario, ont participé à des visites de fermes laitières mêlées à des attraits touristiques, du 20 au 27 mars dernier.
Il faut dire que ce voyage chapeauté par Uniag Coopérative avait été prévu en mars 2020, quelques jours après l’annonce d’une pandémie.
Après l’arrivée à Calgary, le groupe a pu s’émerveiller devant de magnifiques paysages des Rocheuses, profitant d’un soleil radieux.
La 1re ferme visitée, Jansen Dairy, située dans la vallée de l’Okanagan a la particularité de s’être relocalisée dans cette région il y a 18 ans. Le prix des terres devenant trop importants pour continuer l’expansion dans leur région d’origine (la vallée Fraser, ou un acre se vendait 2 fois plus cher que dans la vallée de Kelowna), cette entreprise familiale d’origine hollandaise a pu intégrer la 3e génération.
La ferme de 1200 vaches pour 1600 kg de quota est actuellement la seule à utiliser une balance pour le camion à lait autorisée en Colombie-Britannique.
Ils utilisent un système de géothermie pour refroidir le lait, tout en récupérant la chaleur produite.
La traite est effectuée dans un carrousel de 50 places, 3 fois par jour. Ils utilisent un système de tuyaux enterrés de 8 kms pour acheminer le fumier liquide sur leurs terres, ainsi qu’un système d’irrigation qui leur permette d’ajouter 6 à 12 pouces d’eau, selon la structure du sol, pour obtenir de meilleurs rendements de culture.
La pouponnière récemment construite bénéficie d’une chambre chauffée pour les nouveaux-nés ou ils reçoivent les 1ers soins.
Un peu plus à l’Ouest, nous arrivons près de Chilliwack, dans la région du Fraser Valley, où 70% du lait britanno-colombien est produit.
Cedarbrink Dairy est géré essentiellement par Nigel Vandenbrink, 35 ans, 3e génération originaire de Hollande. La ferme compte 800 vaches, pour une production de 1.45 kg de gras par jour. L’expansion a été assez rapide puisque le quota a augmenté de 400 kg les 3 dernières années. Un autre site de 300 vaches produit exclusivement du lait A2A2. Sur un 3e site, situé à Merritt, dans un climat plus aride, ils font l’élevage de leur sujet de remplacement conjointement avec une autre ferme ainsi que l’engraissement de bouvillons d’abattage.
Pour pallier à la pression énorme sur le prix des terres, ils ont acheté 3000 acres à 9 heures plus au nord de la Colombie-Britannique, produisant leurs grains (orge, blé) et le foin sec. A noter que dans la région du Fraser, le climat très pluvieux n’est pas propice au foin sec.
Comme toutes les autres fermes visitées, elle inclut du perméat de lactosérum dans la ration; la source de protéine principale étant le tourteau de canola. Et elle utilise du sable recyclé dans les logettes.
Les terres avoisinant le site principal produisent 2 cultures par année (blé d’hiver et ray-grass, suivi de maïs ensilage).
La dernière étable construite est de type WeCover. La prochaine sera du même type, puisque les animaux semblent apprécier la luminosité et une température moins chaude l’été selon le propriétaire.
C’est tout proche que nous visitons Corner’s Pride Dairy, propriété d’une corporation de trois personnes, avec ses 31 robots de traite et ses 1700 vaches. Le virage robotique date de 2017, et la ferme compte deux autres sites pour l’élevage. Les protocoles en place sont nombreux, notamment ceux qui touchent les naissances.
Les allées sont nettoyées par un système de flush d’eau, ainsi que des robots racleurs pour certaines étables.
Actuellement, la production est de 37 kg par vache à 4.6% de gras avec un seul aliment cubé au robot. Les moyennes de traites sont à 2.7 par jour. Environ 8% des vaches sont poussées dans les robots, 2 fois par jour. Le triage pour les vaches à traiter ou inséminer se fait par bloc de 13 heures.
Toujours dans la vallée du Fraser, c’est George Dick, propriétaire de la ferme Dicklands qui nous a présenté son installation de biodigesteur hors de l’ordinaire : deux biodigesteurs de 1 million de gallons chacun (la moitié provenant de fumier de fermes, l’autre moitié de déchets alimentaires). Un bâtiment d’environ 100 x 200 pieds logent différentes pièces équipées de machines pouvant trier le plastique des déchets alimentaires, séparer le solide du liquide, sécher les résidus, séparer et nettoyer l’eau, récupérer et purifier l’air chaud par différentes techniques innovantes ayant fait leurs preuves dans les pays scandinaves.
Tout le procédé sera en fonction en juin 2023, et produira l’équivalent de 4,5 millions de litres de gaz naturel, ainsi que 8,5 millions de litres d’eau et 4000 tonnes de fertilisants solides en cubes.
George Dick travaille à rendre son entreprise laitière à faible émission de méthane et gaz carbonique conjointement avec des subventions du gouvernement. Actuellement, les 300 vaches en lactation sont traites par 5 robots et produisent une moyenne de 39 kg par jour, à 4.9% de gras et 3.4% de protéine.
C’est sans contredit le carrousel robotisé de 60 places qui a été le point central de la visite chez Gracemar Dairy. Les 1200 vaches de cette ferme sont traites 3 fois par jour tout en étant réparties en groupe. Celui-ci comporte 375 vaches traites en seulement une heure. Une seule personne supervise la traite, alors qu’une autre amène les groupes. L’implantation de ce type de robot de traite a pu se réaliser en sauvant d’énormes coûts sur la main-d’œuvre, permettant ainsi de conserver une dimension familiale.
L’autre particularité de Gracemar Dairy est qu’ils ne font pas d’élevage. Toutes les vaches sont inséminées avec des taureaux Angus, et environ 30 vaches sont achetées par mois.
Comme dans les précédentes fermes, l’emphase est mise sur le confort des vaches en préparation vêlage ce qui leur permet de produire 1,65 kg de gras par vache par jour.
Dans la vallée du Fraser, les terres valent autour de 120 000 $ l’acre. Cela est dû à l’urbanisation et la compétition avec les producteurs maraîchers ainsi que les producteurs de bleuets. Néanmoins, la ferme Gracemar Dairy prévoit des investissements pour l’achat de terres, puisque celle-ci possède seulement 300 acres et loue 700 acres à 1000$/acre.
Finalement, c’est à la ferme Eco-Dairy, située en pleine urbanisation, que nous terminons notre périple. Cette ferme se veut d’abord éducative, puisque les citadins se font expliquer toutes les facettes de la production de lait et de viande en visitant les différentes étables bien entretenues.
C’est aussi un site de recherches ou plusieurs essais sont réalisés, certains en collaboration avec l’Université de Colombie-Britannique. Il y a également un site de FIV pour les donneuses de différentes races.
Ce fut donc une immersion instructive et constructive dans le monde laitier de la Colombie-Britannique, où la réalité de l’industrie laitière est tantôt similaire à la nôtre, tantôt totalement différente.