Depuis quelques années, l’amarante tuberculée (Amaranthus tuberculatus) s’impose comme l’une des mauvaises herbes les plus envahissantes et les plus résistantes dans les cultures du Québec et de l’Ontario. Apparue au Québec en 2017, cette espèce originaire des États-Unis prend rapidement de l’ampleur, et ses conséquences économiques pour les producteurs sont majeures.

Une plante agressive et difficile à contrôler

  • Croissance rapide et capacité à dépasser 2 mètres de hauteur.
  • Plante dioïque : les plants mâles et femelles sont distincts, ce qui favorise une diversité génétique accrue… et donc une adaptation plus rapide.
  • Production massive de graines : chaque plant peut produire en moyenne 300 000 graines, qui sont extrêmement petites et difficiles à éliminer (source : MAPAQ).

La machinerie agricole : principal vecteur de propagation

Les graines d’amarante tuberculée sont si fines qu’elles se logent aisément dans la moissonneuse-batteuse, les semoirs ou les remorques. Lors de la récolte ou du transport, elles peuvent se répandre d’un champ à l’autre sans être détectées. C’est pourquoi un nettoyage rigoureux de la machinerie est essentiel, particulièrement :

  • Lors de l’achat de machinerie usagée.
  • Pour le travail à forfait.
  • Dans les coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA).

💡 Astuce préventive : Faites dépister le premier champ utilisé avec un nouvel équipement pour détecter toute mauvaise herbe problématique.

Une multirésistance herbicide inquiétante

Au Québec, la majorité des populations d’amarante tuberculée sont résistantes à au moins deux groupes d’herbicides. Plus précisément, des cas de résistance ont été observés aux groupes 2, 5, 9, 14 et 27 (source : MAPAQ). Cela réduit considérablement les options de traitement chimique et accentue la nécessité d’une approche de lutte intégrée.

Impacts économiques majeurs

Les pertes causées par l’amarante tuberculée sont loin d’être négligeables. Selon des observations :

  • Elle peut réduire les rendements de maïs jusqu’à 84 %.
  • Et ceux du soya jusqu’à 93 % (source : MAPAQ).

Bonnes pratiques de lutte Prévention et nettoyage

  • Nettoyez en profondeur la machinerie entre chaque champ.
  • Limitez les déplacements d’équipement contaminé.
  • Surveillez les zones à risque et éduquez vos équipes.

Dépistage et intervention rapide

  • Effectuez un dépistage régulier dès le stade plantule.
  • Arrachez manuellement les plants isolés avant la floraison.

Rotation culturale et densité de semis

  • Alternez les cultures pour briser le cycle biologique.
  • Favorisez un couvert végétal dense pour limiter la lumière disponible.

Herbicides résiduels et stratégie en couches

  • Utilisez des herbicides résiduels en prélevée.
  • Évitez l’application répétée des mêmes groupes d’herbicides.

En conclusion

L’amarante tuberculée n’est pas une mauvaise herbe comme les autres. Sa capacité de reproduction, sa résistance herbicide et son potentiel de nuisibilité en font un enjeu phytosanitaire de premier plan. Une gestion proactive, diversifiée et collaborative est essentielle pour préserver la productivité de vos champs.

Mieux vaut investir du temps à prévenir sa propagation que des années à tenter de la contrôler. Si vous avez des questions, notre équipe d’expert-conseil est là pour vous.